Il y a une cinquantaine d'années, les champs de blé et de betteraves ont laissé place à des immeubles. « Nous allons parcourir Évry pour comprendre ce qu'il s'est passé il y a environ un demi-siècle », glisse en préambule, Edwige Auger, conférencière nationale. Autour d'elle, une dizaine de participants écoutent attentivement ses explications.
En cet après-midi estival, la visite qu'elle anime débute aux Pyramides, l'un des quartiers d'Evry-Courcouronnes. Comme chaque mardi, jusqu'au 25 août, l'agglomération Grand Paris Sud et l'office du tourisme proposent une déambulation gratuite dans les rues de cette commune pour découvrir son histoire. « On va notamment se demander comment on construit une ville au XXe siècle et comment celle-ci s'est développée », détaille la guide.
« Qu'est-ce qu'une ville pour vous ? »
Tout commence dans les années 1950-1960. « À cette époque, les pouvoirs publics doivent répondre à une forte expansion démographique, explique Edwige Auger. Il faut des logements salubres pour loger ces populations. Les politiques cherchent alors des terrains pour les implanter. » Autour de Paris, cinq villes nouvelles vont naître de ces réflexions : Cergy-Pontoise (95), Saint-Quentin-en-Yvelines (78), Melun-Sénart (77), Marne-la-Vallée (77) et Évry.
LIRE AUSSI > Cette balade révèle la face cachée d'Évry
« D'ailleurs, qu'est-ce qu'une ville pour vous ? », interroge la guide. Dans le groupe, les réponses fusent. « Des habitations », « des commerces », « des écoles », « des lieux de culte »… A Évry, qui n'est à l'époque qu'un bourg d'environ 8 000 habitants en bord de Seine, l'objectif est de réunir un maximum de services sur 9 km2.
« Dans cette utopie des années 1960, l'idée est de faire émerger des villes où l'on peut bénéficier de tous les services sans avoir à en sortir, abonde Edwige Auger. Il faut donc des habitations, des établissements scolaires, des emplois, des équipements culturels… Ces villes nouvelles sont aussi des laboratoires pour expérimenter de nouvelles choses. »
Un quartier pour les piétons
Après avoir traversé la place Salvador-Allende où des logements sont en cours de construction, le groupe poursuit sa progression dans les Pyramides. Au pied des petits immeubles en briques qui caractérisent le quartier, la guide reprend le cours de son récit. « Dans les années 1970, un concours est lancé pour construire ce tout premier quartier, retrace-t-elle. Le but est de loger un maximum de gens dans des appartements confortables sans que ce soit des tours ou des barres. »
Résultat, chaque appartement est construit en retrait de celui du dessous, ce qui donne une forme pyramidale à ces immeubles. « C'est un projet conçu pour attirer la classe moyenne et favoriser la mixité sociale, reprend Edwige Auger. La forte augmentation du chômage dans les années 1990 et la diminution des financements de l'Etat va remettre en cause cette mixité de départ. » Depuis les années 2000, des opérations de rénovation urbaine permettent de revaloriser ces quartiers.
LIRE AUSSI > Evry-Courcouronnes : la mixité sociale, une problématique au cœur du logement
« Tout est également conçu pour les piétons, complète la conférencière, avant d'emprunter la passerelle qui relie les Pyramides au centre commercial Évry 2. Vous remarquerez qu'il n'y a pas de voitures. »

« Je voulais découvrir les Pyramides »
Parmi les participants à la balade du jour, Marie-Claude est justement venue pour découvrir ce quartier qu'elle contourne régulièrement en voiture. « J'habite à Bondoufle, juste à côté, depuis 40 ans et c'est la première fois que je déambule dans les Pyramides, s'enthousiasme cette retraitée. C'est une vraie découverte. »
LIRE AUSSI > Grigny : un parcours street art au cœur du quartier de la Grande-Borne
Max, lui, découvre plus globalement la ville. « Je me suis installée à Évry dans le quartier des Aunettes, il y a 3 semaines, confirme ce septuagénaire qui habitait jusqu'à présent à Villemomble, en Seine-Saint-Denis. Je voulais me familiariser avec Évry. » La balade se poursuit justement dans ce qui peut être considéré comme le centre-ville d'Évry. « C'est assez curieux mais le centre commercial remplit ce rôle-là », prévient Edwige Auger.
Après avoir traversé la place des Terrasses de l'Agora et la gare, la conférencière termine la visite place des Droits-de-l'Homme et du citoyen. Entre les jets d'eau, l'hôtel de ville et la cathédrale - qui est d'ailleurs la seule à avoir été construite au XXe siècle -, les champs de blé semblent déjà bien loin.
Prochaine visite ce mardi de 17 heures à 19 heures. Puis les mardis 18 et 25 août, de 15 heures à 17 heures. Gratuit sur inscription : 01.64.96.23.97 ou visite.gps@gmail.com
LA TRAGIQUE HISTOIRE DU GRUTIER

Elle pourrait presque passer inaperçue. Entre la place des Terrasses de l'Agora et la gare, une fresque décore l'un des murs, qui se situe sous un escalier. À bien y regarder, on peut reconnaître, dans cette œuvre d'art aux formes géométriques, une grue. « Et si vous levez la tête, vous voyez que l'allée qui se trouve juste au-dessus s'appelle l'allée du grutier », indique Edwige Auger. Pour comprendre, il faut se replonger en 1977. Cette année-là, le centre commercial est en cours de construction. « Un après-midi de janvier, le vent se fait de plus en plus fort », raconte la guide. La grue de 40 tonnes s'écrase sur le parvis. Le grutier est tué dans l'accident. « Cette fresque et ce nom d'allée lui rendent hommage », conclut la conférencière.
August 10, 2020 at 08:36PM
https://ift.tt/3gMoPM1
Visite guidée d’Évry, ses Pyramides, son centre commercial… - Le Parisien
https://ift.tt/3hY9QzL
centre commercial
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Visite guidée d’Évry, ses Pyramides, son centre commercial… - Le Parisien"
Post a Comment